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Le Sabot de la Vierge
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3 janvier 2010

En cas de divorce...

 

J’ai la chance d’avoir des parents qui s’aiment profondément depuis quelques décennies.  Pour plusieurs de mes amis, ils étaient une référence, la preuve que deux personnes mariées pouvaient s’aimer longtemps, être heureux et se regarder avec les yeux remplis d’amour.  Les voyant encore aujourd’hui s’aimer autant, je sais que c’est possible.  Mais je sais aussi que mes parents sont l’exception qui ne confirme pas la règle.  Je l’ai su d’ailleurs très tôt.  Pour cette raison, dès que j’ai commencé à parler d’avoir des enfants, il y a maintenant 15 ans, j’ai eu l’idée de signer un contrat avec mon conjoint afin que les enfants souffrent le moins possible en cas de divorce ou de séparation. 

N’étant pas avocate et ne connaissant que peu de choses au droit familial, j’avoue ne pas connaître la portée légale de ce contrat.  J’y crois tout de même profondément et je le signerai.  Parce que dans un divorce, les enfants sont toujours les plus grandes victimes.  Parce que la peine, la colère, la rancune, la jalousie, le désir de contrôle et même ce qu’on perçoit comme étant de bonnes intentions nous amputent d’une trop grande partie de notre intelligence et de notre jugement.

Il y a déjà plus de 15 ans, j’étais consciente que les pères étaient souvent vus comme accessoires au développement de leurs enfants.  Les études ont prouvé le contraire.  Les deux parents ont leur part à jouer dans la vie de leurs enfants et aucun des parents n’est plus important que l’autre.  Bien que le sujet du divorce et des problèmes de garde ne soit pas des plus joyeux, il faut tout de même en parler.  Pour ces raisons, voici ce que je suis en train de faire en prévision de l’arrivée de nos deux enfants, à Nicolas et moi.  (Bien que je connaisse assez Nicolas pour savoir qu’il évite les conflits quand il le peut et que l’expérience m’a montré qu’il n’aime pas la bagarre, il fait les mêmes démarches.)

-          J’ai averti mes parents que je ne veux en aucun cas qu’ils se mêlent du divorce, s’il arrive.  Je leur ai rappelé qu’en cas de divorce, les deux personnes sont toujours responsables, que la version de l’un n’est en aucun cas plus vraie que celle de l’autre, que le désir de « se tenir, dans la famille », ne pardonnera jamais la bêtise et le fait de faire souffrir un enfant.  Je leur ai montré des études démontrant l’importance des deux parents et leur ai dit qu’ils ne pouvaient désormais affirmer qu’ils ne savaient pas.  Enfin, je leur ai dit que si je me fâchais contre eux parce qu’ils ne prenaient pas mon côté, c’était mon problème et qu’ils devaient me faire confiance et se dire que je reviendrais un jour à la réalité.

-          J’ai commencé à écrire un contrat, qui ressemble en fait davantage à une lettre adressée au juge.

« Madame ou Monsieur le juge,

Nicolas a été mon meilleur ami pendant environ 15 ans avant que je l’épouse.  J’ai pu voir, pendant plusieurs de ces années, à quel point il est un père extraordinaire.  Il est un modèle pour les gens qui nous entourent.  Sa relation avec son fils ainé est saine et sereine, remplie de respect et de complicité.  Me basant sur ces années pendant lesquelles je l’ai vu interagir avec son fils, je ne peux qu’être certaine qu’il possède toutes les qualités requises et plus encore pour être un excellent père. 

Si je me retrouve devant vous, c’est donc que j’ai oublié ou choisi d’ignorer ce fait.  Peu importe les motivations qui m’animent, sauf si elles sont reliées à de la violence envers un de ses enfants, je peux vous assurer qu’elles ne sont pas légitimes.  J’ai choisi de marier cet homme et d’avoir des enfants avec lui.  Au moment où je signe cette lettre, je n’éprouve aucune colère, aucun ressentiment, aucune peine, et je suis en pleine possession de mes moyens.  Je suis donc ainsi consciente de l’importance qu’a leur père dans la vie de mes enfants.  Je vous demande donc d’être plus sage que moi et d’ordonner la garde partagée afin que nos enfants voient autant leur mère que leur père.

 Je vous demande aussi, s’il apparaît que mes enfants sont témoins de ma colère ou de ma peine, si j’insulte leur père devant eux, si je tente de le discréditer à leurs yeux, si ma famille le fait aussi, si je fais preuve d’intransigeance, si je suis aveugle aux sentiments négatifs que je fais vivre à mes enfants, d’ordonner que je suive une thérapie.  Je sais que vous avez le pouvoir de faire une telle ordonnance et je vous demande de le faire pour le bien-être de mes enfants.  Si je ne suis plus en accord avec ce qui est écrit ici, je sais aujourd’hui sans l’ombre d’un doute que je nuis à la santé psychologique de mes enfants.  Malgré mes bonnes intentions, si je me trouve devant vous, c’est que je suis dans l’erreur.

Je vous remercie de prendre en considération cette lettre, qui est écrite alors que je suis saine d’esprit, de mon propre chef et en l’absence de toute pression.  J’ai décidé de l’écrire parce que je sais que Nicolas est un père formidable et que, grâce à ses qualités et ses défauts, il élève et élèvera des enfants tout aussi formidables. »

Je répète donc que je ne connais pas la portée légale de cette lettre.  N’empêche qu’elle ne peut pas nuire.  En raison de toutes les histoires d’horreur de problèmes de garde que je vois ou dont j’entends parler, je veux m’assurer que si je perds la tête et fais du mal à mes enfants, quelqu’un pourra m’arrêter.  Je refuse de me dire que ça ne m’arrivera pas, à moi, que seuls les autres font de telles choses.  Je sais qu’en contexte de séparation, la souffrance peut nous faire oublier d’être intelligents tout en nous faisant croire que nous le sommes.  Je sais aussi que la famille, souvent remplie de bonne volonté, peut nuire énormément.  Je sais aussi que les mères, dans un contexte de problèmes de garde, ont souvent l’impression de faire ce qui est le mieux pour leur enfant sous prétexte qu’elles l’ont porté, mais c’est oublier qu’elles sont avant tout humaines.  Sachant ce que je sais, je m’en voudrais de ne pas écrire cette lettre.

Nadyne

 

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Commentaires
C
Le bonheur ne se vend pas au marché... c'est un produit fait maison! ;)<br /> Soyez heureux, toi et ta famille, en cette nouvelle année 2010!<br /> <br /> bisous<br /> <br /> Casa
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