La suite de la Journée

Curieusement, malgré les dossiers des enfants, malgré les photos, malgré la lettre de proposition dans laquelle étaient écrits nos noms, malgré les "félicitations" d'Edna, je continuais à me répéter : "Ce n'est pas possible ! C'est un appel téléphonique qui devait nous annoncer cette nouvelle."  J'avais essayé tant de fois d'imaginer ce moment, et à chaque fois nous apprenions la nouvelle au téléphone et pendant la semaine.  C'était samedi, c'était un courriel.  Ça ne fonctionnait pas. :-) J'ai appelé Angela, la directrice de notre agence.  Le message a dû être d'une confusion terrible : "Angela, on dirait que nous avons reçu... euh... je ne suis pas certaine... on dirait que... euh... on ne sait pas... peut-être que... on pourrait croire que c'est une proposition."  J'avais peur que ce soit une blague (de mauvais goût, d'accord, mais une blague tout de même).  J'avais peur que ce soit une erreur.  J'avais peur de mal comprendre.  J'avais peur que ce soit un "exemple" de proposition, pour nous préparer à la recevoir.  J'avais peur de me réveiller.

Les petites filles sur les photos étaient si mignonnes, que je ne pouvais croire qu'elles étaient MES filles.  Leur âge, aussi, me faisait douter :  3 et 4 ans, alors que nous avions demandé une modification et que nous attendions deux enfants jusqu'à 6 ans.  Leurs dossiers médical et psychologique, enfin.  Il faut savoir que nous avions aussi accepté que nos enfants aient une "particularité", un "handicap corrigible".  Dans les dossiers des petites filles, il était indiqué qu'elles étaient toutes les deux en bonne santé et qu'elles ne présentaient aucune difficulté particulière.  Et surtout, c'était des filles... 

Lorsqu'on attend des enfants depuis aussi longtemps, le sexe des enfants n'a plus aucune importance.  Par contre, au fond de moi, j'aurais aimé avoir des filles.  Nicolas aussi, mais lui, il le nommait.  Depuis 4 générations, dans sa famille, il n'y a eu aucune fille.  Il n'a pas de soeur, puisqu'il est enfant unique.  Il a un garçon, aussi.  

Il aura donc 2 filles.  :-) Et il sourit tout seul, parfois, en pensant à elles.  Je le regarde et ça m'émeut.

Nous avions donc beaucoup de difficultés à croire que ces deux petites filles allaient vraiment faire partie de notre vie.  Pourtant, malgré mes doutes étranges, je savais... Nicolas proposa d'aller fêter au restaurant.  Prendre une douche, se sécher les cheveux, se maquiller un peu, s'habiller.  Penser à elles, mes filles, sans arrêt, toujours.  Je connais presque leur visage par coeur, déjà.  Partir au restaurant en voiture.  En silence.  Nous pensons aux petites filles.  Arrivée au restaurant.  Nicolas et Victor entament une conversation sur une question de physique et de chimie.  Je pense à mes filles.  Ils me demandent mon avis.  .......

Je sais que ça devra passer, que ça passera, mais pour l'instant, plus rien n'a vraiment d'importance.  J'ai deux filles.  Tout le reste n'est que bagatelle.  

Le 23 octobre, dimanche, nous sommes allés manger chez mes parents.  Ils avaient acheté une bouteille de champagne... et deux petites robes pour les filles.  Notre neveu avait fait une belle carte dans laquelle il souhaitait la bienvenue dans notre famille aux petites.  Il avait écrit une version française et une version espagnole.  Son attention m'a fait pleurer.  

Le 24 octobre, lundi, un courriel d'Angela : "Félicitation aux nouveaux parents !"  Enfin, c'est vrai !!! Pour vrai ! Conversation avec Angela : nous pouvons partir en novembre.  Oh mon dieu !!! Mes petites filles !!! Petite visite au centre commercial et larmes devant les chaussettes pour enfants. :-)

C'est donc la course aux documents officiels et officialisés, la course aux achats,  la course contre la montre.  Je termine ma semaine de travail pour finaliser mes corrections, préparer mes étudiants et évaluer les performances de ma stagiaire.  Je serai donc libre pour faire tout ce que nous devons faire avant le départ, puisque Nicolas devra travailler jusqu'à notre départ en raison des courts délais.

Lundi, nous avons donc écrit la lettre d'acceptation de la proposition et préparé le colis avec de petits cadeaux pour les puces.  Nous avons aussi commencé la mise à jour de certains documents : lettre de notre employeur, lettre de notre banque, lettre de notre médecin, absence de casier judiciaire.  Heureusement, les rapports de notre psychologue n'ont qu'un an, ce qui nous évite d'avoir à les refaire.

Aujourd'hui, mercredi, je dois courir au bureau de poste et au bureau des passeports, parler à notre médecin et continuer à préparer la chambre.  À travers tout ce tourbillon d'émotions, je suis ensevelie sous une montagne de dissertations à corriger... Bref, c'est la folie, la douce folie.  Et je souris sans arrêt, les larmes aux yeux, le coeur débordant d'amour...

Nadyen 

Comments

[Catherine]

Voilà, c'est fait.

[Nadyne]

Catherine, j'ai essayé de t'envoyer une photo, mais on me dit que l'adresse que j'ai ne fonctionne pas... Peux-tu m'écrire un message sur mon courriel afin que je puisse te répondre avec une photo ?
Bisous

[Nadyne]

Ah oui ! "Maman" est sans contredit mon mot préféré, désormais !!

Bien sûr que je t'envoie des photos, Catherine ! Je suis si heureuse que tu puisses partager un peu mon bonheur !!

[Catherine]

Chère Nadyne, ton texte a provoqué mes larmes car j'imagine l'émotion et le bonheur qui doit t'envahir, vous envahir, c'est beau et tant mérité.

Je souhaite aussi d'ores et déjà la bienvenue à vos deux petites filles. Une nouvelle vie de bonheur commence pour votre famille et j'en suis heureuse pour vous.

Gros bisous Nadyne
Catherine

PS : j'aurais bien aimé les voir en photo, si tu le veux et peux bien sûr.

[mama-youte]

Waouh!

Que dire à part félicitations!!!
plein de bonheur au bout de ce long chemin!
Et puis ce mot qui va te plaire plus que jamais "maman"